Certains d’entre nous se souviennent du moment qui a précédé la colère saine de Ségolène Royal : Nicolas Sarkozy nous parlant des handicapés, « la larme à l’œil ». Un exemple parmi d’autre d’une des tactiques de Nicolas Sarkozy, qui consiste à se servir de l’émotion pour grandir son image.
Depuis son élection, les cas se multiplient. Cela commence d’abord par la lecture d’une lettre d’un jeune résistant. Depuis quelques semaines, c’est ce qui constitue la quasi-totalité de l’actualité du président. Un événement tragique se produit ? Non seulement il faut aller témoigner de sa sympathie (aller rencontrer la famille, aller à l’enterrement), mais aussi déclarer immédiatement des propositions qui sont parfois contestées par les professionnels. D’autant plus qu’on ne peut pas savoir si ce sont ou pas des effets d’annonce.
Vous remarquerez aussi l’air triste du président lors de ce type d’intervention, insistant sur la gravité et tentant de se justifier par des phrases qui semblent pleines de bons sens et d’humanité.
La dernière en date sur la famille des infirmières assassinées il y a 3 ans sont dégoulinantes de bons sentiments : « Que veulent ces familles ? Qu’il y ait un procès. Que veulent ces familles ? Pouvoir faire le deuil. Qu’on ne leur explique pas qu’il y a un non-lieu parce que quand vous avez votre femme ou un membre de votre famille qui est assassiné, qui est égorgé ou qui est décapité, et que la justice vous explique qu’il y a un non-lieu, c’est-à-dire que l’événement n’a pas eu lieu, imaginez quels peuvent être les réactions des victimes", a-t-il ajouté. »
Tous ceux qui osent critiquer sont alors considérés comme des sans-cœur, on pourrait presque entendre les partisans de Mr Sarkozy dire « mais comment osez vous dire ça ? N’avez-vous pas honte ? Alors que le président entend les français, et qu’il réagit si vite ? N’êtes vous pas contents de son efficacité ? ».
Et c’est bien là le problème (en plus des déclarations qui sont souvent discutables) : Sarkozy joue sur l’émotion, et depuis longtemps. Il a compris que les médias sont très friands de ce genre d’actualité. Le français qui ne s’en rend pas compte (et ils sont malheureusement nombreux) pense que le président est un brave type, qui en réalité fait appel à son émotion plus qu’à sa raison. Et c’est ainsi que certaines mesures pourront passer sans aucune résistance, alors qu’elles sont contestables. C’est inquiétant, car Nicolas Sarkozy pourrait aller encore plus loin si personne ne l’arrête.
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